Double confinement oblige, l’année passée, nous avons expérimenté le temps élastique, celui qui s’allonge et qui n’en finit pas, celui qu’il fallait tuer. Entre apéro – Covid et soirées séries sur Netflix, il nous est resté de longues plages horaires à meubler. La lecture d’un bon roman a retrouvé sa place dans nos passe temps préférés. Je partage ici mon année 2020 en livres, un joli mélange de classiques et de titres d’aujourd’hui. Je n’ai pas tout noté, certains ouvrages ont disparu de ma mémoire sitôt la dernière page tournée. Ici je ne parle que des essentiels, ceux que je vous recommande absolument.

Les best sellers, les incontournables

L’égnime de la chambre 622, Joël dickers Editions de Fallois

Un très bon roman qui cumule les points clés du livre à succès

  • Un auteur habitué à figurer dans le top ten des ventes en librairie
  • Un joli pavé de presque 600 pages pour tenir le lecteur un bon moment
  • Une histoire d’amour contrarié chez les beautiful people
  • Un contexte mystérieux, l’univers de la Banque Suisse.
  • Une intrigue bien ficelée servie par une écriture limpide.
  • Des surprises, des rebondissements, un meurtre et surtout de l’amour.

Soyons honnête, L’énigme de la chambre 622 rempli son contrat. J’ai passé un excellent moment avec le sixième livre de Joël Dickers. L’histoire de Lev et d’Anastasia a un côté Gatsby le magnifique que j’adore. Un décor digne d’un film en costume, le contexte de la Banque avec son lot de secrets fantasmés, une héroïne belle et malheureuse, un héros né pauvre qui devient riche par amour et entre eux une histoire intense mais impossible. Waouh !

Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, Jean-Paul Dubois, Editions de l’Olivier

Le Goncourt 2019, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon est une vraie pépite. Les fans de Jean-Paul Dubois retrouvent leur auteur favori au mieux de sa forme.

Voici une histoire un brin déjantée, un roman qui fait sourire.

Le héros : Paul Hansen, ancien homme à tout faire d’une résidence au Canada, un concierge +++ qui assurait avec beaucoup d’ingéniosité l’entretien d’une piscine, d’un système de chauffage, d’un jardin arboré….

L’auteur nous décrit le travail de maintenance avec tant de poésie de comparaisons fantaisistes qu’on en vient à aimer le job. Le héros tient le rôle de super intendant, électricien, chimiste et mécanicien Le maintien en bon ordre de la piscine occupe ses nuits et ses jours. La surveillance de la qualité des eau, la lutte contre les algues l’obsède. La piscine sera jusqu’au bout un enjeu.

Le génial Prix goncourt 2019 : Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon
Tout les hommes n’habitent pas le monde de la même façon : le Pitch

l’histoire commence au pénitencier de Montréal où le héros purge sa peine en compagnie d’une brute sympathique Patrick Horton. (un Hells Angel qui inspire respect et crainte, qui impose par sa carrure et sa musculature mais la nuit il a peur des souris) Patrick rêve de fendre en deux la moitié de l’humanité. Paul Hansen a écopé de deux ans de prison et visiblement cela ne lui pèse pas . Il vit dans ses souvenirs. Ses proches viennent le visiter en songe son père, sa femme Winona, une indienne et leur chien Nouk.

Le livre alterne les chapitres sur la vie de Paul et le récit de sa colocation forcée avec le Hells. L’auteur commence par un retour sur la passé, l’enfance du héros et le récit drôlatique de celle de son père Johanes Hansen, un pasteur danois, originaire du Jutland, et marié à une danoise installée à toulouse.

La mère du héros tenait un cinéma d’art et d’essai, le Spargo. Son soutien aux manifestants en mai 1968 et la programmation du premier film porno à succès lui coûte l’amour de son mari. La famille se disloque et en 1975, l’année des vingt ans du héros, le pasteur est révoqué de ses fonctions en raison des désordres de sa vie personnelle. Tout bascule il se sépare de sa femme et part au Québec rejoindre une nouvelle église.

l’année suivante,Paul, le héros rejoint son père à Thetford Mines, ville paumée au paysage surréaliste de cratères à ciel ouvert dont on extrait l’amiante qui a fait la richesse de la ville. Après Quinze ans de ministère, le pasteur a perdu la foi mais doit continuer à monter sur scène.

Ici commence la description drolatique de la descente aux enfers du pasteur qui se tourne vers un nouveau dieu, le jeu. Il perd aux courses et au casino le budget annuel de son église et bien plus. il finit ruiné.

Paul continue sa vie et s’installe à Montréal où ild devient homme à tout faire d’une résidence l’Excelsior.

L’histoire continue dans le même registre gentiment décalé.

Pourquoi on aime ?

L’intérêt du récit repose dans les jobs improbables pasteur, directrice d’un cinéma d’art et essai qui vire au porno. Winona la femme du héros est pilote d’un hydravion et fait du transport sur les lacs canadiens. Le seul ami de Paul à l’Excelsior, employé d’une compagnie d’assurance, a pour mission d’évaluer le prix des morts après accident. C’est lui qui monte les dossiers d’indemnisation des familles.

Tous ces personnages participent à un petit monde assez surréaliste ou le quotidien est sublimé par le comique de situation, les descriptions surréalistes de petits évènements.

Les classiques, Zola et les Rougon-Macquart

J’ai une grande passion : la littérature du XIXe. J’avoue être fan des sagas, ces romans interminables peuplés de très nombreux personnages que l’ont suit le temps d’une vie.

Les Rougon Macquart, le chef-d’oeuvre d’Emile Zola

Mieux qu’une série, une plongée dans la France du XIXe, l’épopée d’une famille, les Rougon, depuis les sombres origines paysannes jusqu’au sommet de l’état. On ne peut qu’adorer ce petit bijou d’histoire de France, ce manuel d’anthropologie à l’usage des générations à venir.

Alors quand le premier confinement est arrivé, je me suis réfugié dans la lecture des Rougon- Macquart. Je n’ai rien trouvé de plus exotique, de plus captivant pour m’échapper du climat anxiogène de ce mois de mars 2020. Avec Zola, je me suis plongé dans la France du Second Empire.

La série est composée de 20 livres tous liés par la chronologie mais tout à fait indépendants par leur histoire. Je tiens mes exemplaires de ma grand-mère qui me les offrait avec une régularité de métronome à chacun de mes anniversaires. A Quinze ans, j’ai détesté recevoir ces lourds volume à la couverture austère et au papier bible. Aujourd’hui je les regarde avec tendresse, ces classiques de la littérature qui occupent un étage entier de ma bibliothèque. Ce sont des amis que je retrouve de loin en loin, intacts, fidèles.

En mars, j’ai enchainé les cinq premier tomes, soit le volume N°1 des Editons de la Pléiade. La photographie a bien jauni. La Faute de l’abbé Mouret est parfois d’un mortel ennui mais l’ensemble reste un monument littéraire. L’écriture extrêmement précise de Zola est un pur bonheur, ses images de Paris sont admirables. On est complètement pris, transporté dans le passé.

Le Ventre De Paris, une ode au Paris des Halles et des petits métiers.

Des cinq livres qui composent le Volume 1 des Rougon-Macquart, mon préféré est de très loin Le Ventre de Paris. Dans ce roman, le personnage central Florent est un évadé du bagne de Cayenne, un simple ouvrier embarqué par erreur dans la vague de répression qui suit le coup d’état du 2 décembre 1851 de Louis Napoléon Bonaparte.

Florent trouve dans les Halles de Paris un monde où se cacher. Le temps de son passage parmi le peuple des marchands est le prétexte à nous faire visiter les Halles de Paris. Emile Zola nous fait découvrir un monde à part régit par la hiérarchie des métiers depuis les simples vendeuses de bouquets à deux sous jusqu’aux marchandes bien installées derrière leur étal. On y apprend la géographie des halles où chaque produit avait son quartier réservé. On imagine les senteurs, les odeurs bonnes et mauvaises. C’est un véritable voyage, un pur bonheur pour les amateurs de marché de plein air et les amoureux du bon produit.

Petit morceau choisi, une visite côté fleurs et senteurs :

Ils étaient au milieu des fleurs coupées. Sur le carreau, à droite et à gauche, des femmes assises avait devant elles des corbeilles carrées, pleines de bottes de roses, de violettes, de dahlias, de marguerites. Les bottes s’assombrissaient, pareilles à des taches de sang, pâlissaient doucement avec des gris argentés d’une grande délicatesse…. Et rien n’était plus doux ni plus printanier que les tendresses de ce parfum rencontrées sur un trottoir, au sortir des souffles âpres de la marée et de la senteur pestilentielle des beurres et des fromages.

Le Ventre De Paris, Emile Zola,

Les polars, les livres qu’on dévore d’une traite

Pas de liste de lecture sans son lot de polars, je ne fais pas exception. J’avoue une tendance boulimique. Quand on me met entre les mains un roman bien ficelé, je ne me fait pas prier, je le dévore en quelques jours. En 2020, j’ai découvert Nicolas Beuglet.

J’ai beaucoup aimé ses deux titres disponibles chez Pocket Le Cri et Complot. Nous suivons les mêmes personnages, une inspectrice suédoise Sarah Geringën et un journaliste d’investigation Christopher. A chaque fois, l’histoire nous mène aux frontières d’un monde trouble, aux limites de la folie humaine. Ce sont de bons polars, bien rythmés avec surprises et rebondissements. Complot est mon préféré, je vous le recommande.

Dans mon année 2020 en livres, il y a eu d’autres titres, des lectures faciles comme le dernier Virginie Grimaldi : Et que ne durent que les moments doux, un Guillaume Musso dont j’ai déjà oublié le titre et aussi des choses plus sérieuses. J’aime le mélange, la diversité, je n’ai rien trouvé de mieux pour nourrir mon esprit et mon inspiration. 2020 fut donc une belle et riche année à cet égard, j’ai adoré et pourtant j’espère comme vous tous que 2021 ne me donnera pas le temps de renouveler l’expérience.