Seconde année sous le signe du Covid, l’été 2021 reste à inventer. Ce millésime unique aura des saveurs mêlées entre la joie de la liberté retrouvée, une grande envie de vivre comme avant et la peur d’un retour des journées confinées. Mon conseil à l’approche du break estival, c’est de faire confiance à la vie, de libérer toute nos énergies positives et de profiter au maximum de ces vacances. Plus que nos corps, ce sont nos esprits qui ont besoin de repos et de paix. J’ai pour modeste ambition de vous accompagner dans cette période de lâcher prise. Quoi de mieux qu’un bon livre pour déconnecter. Voici ma liste de lecture pour l’été 2021, un mélange de Feel Good et d’incontournables.

5 Romans Feel Good à emporter sur la plage

Ce que les étoiles doivent à la nuit, une histoire de cuisine et de résilience.

5ième roman d’Anne – Gaëlle Huon, une habituée des best – seller qui une fois encore nous séduit avec ses personnages attachants. Je vous mets ici en lien ma chronique de juin sur France Bleu Gironde. http://bordeaux-cuisine-and-co.org/24-juin-derniere-chronique-avant-de-nous-dire-adieu/


La théorie des aubergines, une histoire de femmes et de cuisine solidaire

Leïla Bahsan nous parle de Dija, rédactrice pub au chômage et rappelé par son ex employeur pour tenir la chronique au long cours d’un projet d’insertion par la cuisine. Stylo en main, l’héroïne suit la brigade du chef Achour dans son lent travail de retour au monde du travail. Ici la cuisine est prétexte à l’échange, au partage et à la reconquête de sa dignité. En parallèle, Leïla Bahsan raconte le racisme ordinaire, les milles et une petites vexations subies par son héroïne, trop souvent utilisée comme l’arabisante de service face aux clients arabophone de son ancienne agence de pub.

J’ai beaucoup aimé ce livre qui met en lumière l’incroyable pouvoir de la cuisine. En tant qu’ancienne bénévole et membre du bureau de la Banque Alimentaire de Bordeaux, j’ai retrouvé chez Leïla Bahsan l’ambiance de la cuisine solidaire et le pouvoir du faire ensemble.

Le Cap Ferret du Paradis à l’Enfer

Presque trois ans après sa sortie, je suis assez fière de voir que mon premier roman n’a pas pris une ride. Au contraire, le thème central est au coeur de nos envies post covid. Quitter Paris et les métropoles pour se réinventer en campagne n’a jamais été autant d’actualité. Aujourd’hui plus que jamais, nos attentes en matière d’épanouissement personnel et de cadre de vie nous poussent à rêver de nature. Marie, mon héroïne fait le choix de recommencer sa vie. On la suit dans une année au Cap Ferret qui commence par l’expérience de la solitude et qui continue par la recherche d’un projet professionnel. On l’accompagne dans ses démarches, on admire sa belle énergie. On lui pardonne quand elle tombe amoureuse d’un autre homme que le sien. Mais on garde nos distances et on prend peur pour elle, quand insouciante elle s’amuse à vivre trop intensément toutes ses passions. L’histoire la rattrape, dommage qu’on n’ait pas pu la prévenir.

Le Cap Ferret du paradis à l’enfer,
quitter Paris, lâcher prise, découvrir le paradis avant que tout bascule

Les possibles, le dernier Virginie Grimaldi

Dans les possibles Virginie Grimaldi nous entraine dans le quotidien de Juliane qui recueille son père sinistré à la suite d’un incendie dans sa maison. L’auteur nous raconte cette atypique colocation, ce renversement des rôles au moment où l’ainé bascule, où il perd ses repères. Prises de bec avec le voisin, oublis fréquents de papier et achats compulsifs viennent perturber la vie de la maison. Mais nous sommes dans un feel good, Juliane d’abord inquiète et nerveuse finit pas s’accommoder de ces déraillements de la raison. l’histoire est un peu soft et éloigné de la triste réalité de la déconnection des anciens mais pour autant j’ai aimé ce tableau tendre et délicat des relations père-fille.

Les heureux du monde de Stéphanie des Morts

Les heureux du monde nous plonge dans la bohème chic des années folles au temps de Fitzgerald et de Gatsby le magnifique. On y suit les itinérances de Sara et Gerald Murphy, un couple de richissimes américains venus en France dans les années 20 pour fuir l’ambiance morose de l’Amérique de la prohibition. Esthète et artistes, les Murphy convient à leur fêtes Scott et Zelda Fitzgerald, Picasso et Hemingway sans oublier . Le livre commence par des années d’insouciances où l’on voit les débuts de l’engouement pour la côte d’Azur. C’est assez amusant d’imaginer qu’à cette époque, les happy few fuyaient la chaleur et les plages pour se réfugier en Normandie au mois d’Août.

Sara et Nicole, couple solaire deviendront Dick et Nicole dans le célèbre Tendre est la Nuit de Fitzgerald. Cela donne un supplément d’intérêt au livre de Stéphanie des Horts. Une fois refermé Les heureux du monde, vous aurez certainement comme moi l’envie de ressortir de votre bibliothèque les classiques oubliés. Moi qui ne connait d’Hemingway que Le vieil homme et la mer, je suis curieuse de lire Pour qui sonne le glas.

Les heureux du monde de Stéphanie des Horts, la bohême au temps des années 20

5 livres pour animer les soirées de l’été

Un prix Goncourt, un bon polar, un roman sur les vilains secrets de famille, un bavardage sur le Yoga d’un auteur à succès et un essai sur la répartition des richesses, voilà de quoi nourrir vos débats de l’été. Ce inventaire à la Prévert ne compte aucun raton laveur mais des ouvrages qui ont marqué l’actualité de ces derniers mois. A lire, a relire ou à transformer en brique pour les cours de Yoga sur la plage.

Yoga, Emmanuel Carrère

Auteur à succès, écrivain primé et fils de la grande Hélène Carrère d’Encausse, Emmanuel alterne moments heureux et phases de déprime aiguë. Dans son livre Yoga, il nous embarque dans une de ses mauvaises années, celle où il traine son spleen sans s’arrêter d’écrire. Cela donne un roman sans intrigue, un lent défilement de jours à vivre le quotidien d’un écrivain. Cela pourrait nous rebuter et pourtant on continue la lecture à la rechercher de la lumière des jours heureux. Il n’y en a pas beaucoup dans ce livre que j’ai pourtant aimé pour sa description drôlatique d’une retraite de Yoga. Emmanuel Carrère que j’ai préféré dans ses romans russes sait nous faire entrer dans l’ambiance par ses personnages cabossés mais tellement humains.

La Familia Grande de Camille Kouchner

Dans La Familia Grande, Camille Kouchner raconte l’inceste subit par son frère jumeau victime dans son adolescence de viols répétés par son beau-père, Olivier Duhamel. Cette révélation touche une tribu paillette dont le chef de file appartient à l’élite intellectuelle française. La notoriété du prédateur a donné un retentissement médiatique énorme au livre. On peut y voir une mauvaise curiosité pour des histoires malsaines qui touchent les people ou la nécessaire prise en considération d’un phénomène de société qui mérite d’être débattu.

Réticente à l’idée de me plonger dans une histoire malsaine, j’ai longtemps hésité avant d’ouvrir le livre. C’était une erreur, Camille Kouchner nous épargne les descriptions chirurgicales, le tableau du mal absolu, elle nous parle surtout des dégâts collatéraux, de la profonde souffrance de ces enfants abusés et de leurs proches. La Familia Grande, c’est l’histoire de la soeur de la victime, le témoin muet. Le prédateur, son beau-père, elle l’aime et le déteste à la fois. Et surtout elle adore sa mère, icône des séventies, éphémère maîtresse de Fidel Castro et inconditionnelle de la libération sexuelle. Pour ne pas briser la belle harmonie de la tribu, l’auteur a hésité à le dénoncer le charismatique ogre familial. Elle a vécu avec sa douleur, incapable de se libérer ni de parler.

Je ne dévoilerai pas tout du livre, je vous laisse en prendre connaissance pour donner de l’écho à une voix qui a osé briser l’omerta. Puisse ce témoignage encourager d’autres victimes à dénoncer leur bourreaux et faire reculer le mal.

L’anomalie, Hervé le Tellier

L’anomalie est sorti en 2020 et peut-être l’avez-vous déjà lu. Sinon, il est encore temps de vous mettre à la page et de vous régaler de ce livre qui a fait le bonheur de près d’un million de lecteurs. Ce Goncourt risque bien de pulvériser le record des ventes avec cet histoire originale qui parle d’un vol Paris New-York qui se reproduit deux fois à l’identique la première le 10 mars 2021 et la seconde en juin 2021. L’auteur va raconter la vie d’une dizaine de personnages entre les deux épisodes.

L’anomalie d’Hervé le Tellier,

Le Capital au XXI de Thomas Piketty

Sorti en 2013, le livre de Thomas Piketty reste un incontournable en matière de théorie économique. L’auteur y fait la démonstration d’une nécessaire nouvelle répartition des richesses en plus de 900 pages. Ses idées sur l’héritage et la redistribution reviennent au coeur des débats à l’heure ou le président Macron missionne 26 économistes de renom pour réfléchir à l’après-crise. Malgré sa réputation sur la scène internationale et sa forte présence dans les médias, Thomas Piketty ne figure pas dans la liste des experts. Son point de vue sera donc à regarder comme un complément à l’étude commandé par notre président.

Le livre de Thomas Piketty risque de vous tomber des mains par son manque de fluidité et son style très professoral qui le range plus dans la catégorie de la thèse universitaire que du Roman de l’été. Ce n’est pas grave, contentez de vous de lire l’introduction qui résume bien l’ensemble et redonner vie à l’ouvrage en le recyclant en brique de yoga.

la Vallée de Bernard Minier, un polar efficace

Son huitième roman, le sixième avec son flic fétiche Martin Servaz. Bernard Minier nous emmène dans une petite vallée des Pyrénées, totalement coupée du monde par un éboulement. Scénario efficace, ambiance lourde et mystère du monastère, ce polar est un véritable page turner, un de ces livre qui vous tient en haleine jusqu’au petit matin. J’ai adoré la mise en scène des meurtres, trois petits bijoux de maléfice. Beaucoup de personnages intéressants à découvrir au fil des pages. Je suis plus réservée sur la fin même si elle reste une vraie surprise et donnera du fil à retorde à ceux qui aiment deviner avant de terminer.

Depuis la Vallée, Bernard Minier a sorti un nouvel opus dont on m’a dit le plus grand bien alors si vous avez déjà lu La Vallée, il ne vous reste plus qu’à vous plongez dans l’univers glacé de La Chasse.


Ma liste de lecture 2021 se termine par un polar, ce n’est pas un hasard. J’aime ces livres qui nous tiennent en haleine une partie de la nuit. Lectrice compulsive depuis l’enfance, je me souviens encore de ces soirées où je bravais les interdits familiaux, où je transgressais les règles en poursuivant une lecture cachée sous les draps avec une lampe de poche pour éclairage. L’été, délivrée des horaires et des contraintes d’un emploi du temps chargé, je retrouve ce plaisir infini de rester éveillé un bouquin à la main.